D'extérieur, la grande bâtisse ne paye pas de mine, et c'est bien là son avantage principal. Pas très attrayant, l'immeuble n'attire pas les curieux et offre donc un cadre très calme. Il y a un peu de passage et de bruit la nuit mais pas de quoi déranger un jeune new-yorkais. New-York est une ville en perpétuel mouvement et Brooklyn n'échappe pas à la règle, surtout que le quartier s'est gentrifié. C'est aujourd'hui le repère à hipsters le plus prisé de la Grande Pomme; les prix de l'immobilier se sont envolés et il y a clairement plus de demandes que d'offres. C'est dans ce cadre que j'ai acheté un loft d'environ deux cents mètres carrés, sur un niveau avec une mezzanine. Sans séparations, j'ai l'impression que cette surface est immense. Elle me permet de vivre confortablement, de travailler chez moi mais également de cultiver mes propres légumes. Oui, j'ai installé un système de culture hors-sol, ce qui m'évite d'acheter des légumes dont je ne connais ni la provenance, ni le traitement.
Chaque meuble, le moindre accessoire de décoration, a été acheté dans une galerie ou chez un designer. J'accorde beaucoup d'importance à l'esthétique du mobilier et à sa rareté. Je n'ai pas vraiment envie d'avoir le même mobilier que mon voisin et puis, après le décès de mes parents, j'ai eu les moyens de m'offrir ce genre de luxe. Bien que l'appartement soit typiquement new-yorkais, l'intérieur est plutôt d'inspiration scandinave, un mélange parfois coloré et parfois plus sobre. J'aime la vision pratique et minimaliste des designers de la péninsule scandinave. Ils ne font pas du moche et pratique ou du beau et inutile, non, ils font du magnifique et utile, là est leur force!
C'est dans la mezzanine que se trouve ma chambre, ou devrais-je dire un matelas sur deux couches de palettes en bois. Oui, des palettes. Une petite entorse à ma décoration nordique et à mes achats chez les designers. Mais ça va dans le sens du minimalisme, non? Bon d'accord, c'est mon côté récupérateur, j'suis un genre de stockeur qui connait les limites.